La mer venait s'écraser brutalement contre la falaise. En haut, presque au bord du précipice, une citadelle se dressait, sombre et effrayante. Ses murs lisses et noirs donnaient une impression d'austérité qui correspondait parfaitement à ses occupants. Sa couleur, noir d'encre, s'harmonisait également aux habitants de la citadelle.
Cette citadelle imprenable habritait les ennemis des éclats de Destinée: l'armée noire. C'était aussi le lieu où vivait leur chef suprême. Ce lieu portait le nom de Citadelle Démoniaque.
Mordack faisait les cents pas dans ses appartements. Comment avait-il eu le front de revenir après tous ces échecs? Mais son chef avait réclamé sa présence et désobéir aurait été équivalent à signer son arrêt de mort. Malgré la noirceur de son coeur, Mordack connaissait la peur et la honte. Ces deux sentiments qu'il ressentait en ce moment même. Il avait peur de son chef et honte de lui. Et surtout peur de la réaction de son chef face à l'objet de sa honte, face à ses échecs à répétitions. Il eu alors une pensée pour les autres capitaines.
Ils doivent bien rire de ma situation!! Je vais devenir la risée de tous!
En général Mordack se laissait très peu submerger par un quelconque sentiment si ce n'était la colère mais dés qu'il revenait à la citadelle démoniaque sans rien avoir à occuper ses pensées, il devenait comme un loup en cage. Tout le contraire de son plus grand rival: Gallen. Lui qui était toujours calme, souriant avec mépris aux autres.
Mais lui, au moins, n'a pas encore subit le moindre échec! devait admettre Mordack.
Sa colère éclata et il envoya s'écraser contre le mur d'en face le verre de vin rouge qu'il avait en main. Mais il se calma.
Mais il n'a pas eu à affronter ces maudits éclats. Comme j'aimerais le voir tenter de les capturer maintenant qu'elles ont découvert les pouvoirs de leur ancêtre!
Il se mit à ricaner. Assurément Gallen reviendrait également battu, il en était persuadé. Malheureusement pour lui la capture des éclats lui incombait. Quand son chef lui avait confié cette mission, il avait cru qu'il s'agissait d'un privilège qui lui était accordé mais maintenant... maintenant il songeait avec amertume qu'il aimerait abandonner.
C'est alors que la porte s'ouvrit et un courant d'air glacé pénétra dans la pièce. Un esclave se tenait dans l'encadrure, le regard torve.
- Le Maître veut vous voir maintenant! dit-il d'une voix morne aussi dénuée de sentiments que son regard.
Mordack le congédia et se prépara à aller rejoindre son chef. D'une démarche raide mais fière, il se rendit dans la plus haute tour de la citadelle. Quand il fut arrivé devant une immense porte en chêne gravée de multiples symboles, il se fit annoncer en donnant son nom à voix haute. Il aurait été parfaitement inutile de frapper car il s'agissait d'une porte magique et son épaisseur n'aurait pas laissé entendre ses coups. La porte s'ouvrit pour le laisser passer. En entrant Mordack frissona. Son chef se tenait devant une table recouverte d'instruments d'astonomie, de chimie ou simplement de mesure, de livres et autres manuscrits, de plans de différents types, et bien d'autres choses encore.
- Vous... vous vouliez me voir, maître?
- Oui. Approche!
Mordack avança quelques peu jusqu'au cercle de lumière pâle qui passait par la fenêtre. Puis il posa un genou à terre et baissa la tête en signe de soumission.
- Mordack, sais-tu combien de fois tu as échoué dans la mission que je t'ai confié?
La voix de son chef était glaciale, semblant venir d'outre-tombe.
- Bien trop de fois, j'en suis conscient.
- Exact... bien trop de fois!
- Que puis-je faire pour me racheter, maître?
Le chef se tourna vers lui. Son visage était caché par un masque plus sombre que la nuit qui empêchait de voir les trois quarts de son visage. Ses vêtements étaient également très sombres.
Il sembla réfléchir un moment puis répondit:
- Je te laisse une dernière chance. Après cela il y a deux possibilités pour toi. Soit tu réussis et je te récompenserais au-delà de tes rêves soit tu échoues une nouvelle fois et tu passeras un mois entier dans la Bouche de l'Enfer!
Mordack se raidit et ses yeux s'écarquillèrent. La Bouche de l'Enfer était une sorte de vortex. Une fois dedans toute envie, toute sensation vous fuyaient. Vous restiez totalement seul avec vous-même. Même si plusieurs personnes étaient enfermés dedans elles ne pouvaient jamais se voir. Il s'agissait sans contestes de la plus horrible prison possible. On y devenait rapidement fou.
- Je... je ne vous décevrai pas! lança Mordack, effrayé à l'idée de pouvoir finir dans la Bouche de l'Enfer.
- Il vaut mieux pour toi! Sinon tu sais ce qui t'attend. Pars, maintenant!
Mordack s'empressa de se relever, s'inclina en signe de salut puis tourna les talons et partit. Derrière lui le rire froid et cruel de son chef se mit à retentir. Jamais personne n'incarnerait le Mal mieux que lui, se dit Mordack en passant de nouveau le seuil de la porte, et cela était loin d'être un compliment ou un signe d'admiration.
Et voilà! Un petit passage sur les méchants et la première apparition du ''big boss''! Je me suis dit que c'était interessant de faire parfois un zoom sur les vilains pour approfondir leur caractère quand ils ne sont pas confrontés aux héros (héroïnes, en l'occurence!).